Plus de 200 000 réfrigérateurs et congélateurs disparus : un recyclage incorrect engendre une pollution énorme
1 appareil mal traité = les émissions de CO2 d'un trajet en voiture de 7500 kilomètres
Une enquête de Recupel, l'asbl chargée de la collecte et du traitement des appareils électr(on)iques et des ampoules usagés, révèle que chaque année, plus de 200 000 réfrigérateurs et congélateurs n'arrivent pas dans un centre de traitement agréé. Pourtant, de tels appareils contiennent des liquides de refroidissement et des gaz d'expansion nocifs. En cas de démantèlement inapproprié, ces gaz néfastes s'échappent, s'attaquant alors à la couche d'ozone et contribuent au réchauffement de la planète. Les dégâts infligés à l'environnement pour chaque appareil traité de manière incorrecte correspondent aux émissions de CO2 générées par un trajet en voiture de 7 500 kilomètres. Les 226 524 réfrigérateurs disparus sont en effet à l'origine d'émissions de C02 équivalant à 42 394 tours de la Terre avec un véhicule diesel.
En 2018, 686 459 réfrigérateurs et congélateurs avaient été mis sur le marché. 5 % des vieux appareils se sont vu offrir une deuxième vie et sont toujours utilisés, et 425 612 appareils sont arrivés chez Recupel ou l'un de ses partenaires en vue d'un recyclage correct. Ce sont donc 226 524 réfrigérateurs et congélateurs qui manquaient à l'appel cette même année. Ils n'ont pas rejoint notre réseau : le fabricant, le vendeur ou le consommateur ne les a pas remis à Recupel et ne leur a pas offert non plus de seconde vie. Un acte qui a des répercussions considérables sur l'environnement.
L'environnement y perd deux fois
Un réfrigérateur contient des liquides de refroidissement et des gaz d'expansion nocifs. Si ces substances ne sont pas soigneusement éliminées, elles peuvent endommager la couche d'ozone et contribuer au réchauffement climatique. Un appareil mal traité a le même impact que les émissions de CO2 produites par un trajet en voiture de 7 500 kilomètres. Les dégâts infligés à l'environnement sur une base annuelle sont à l'avenant : l'échappement des liquides de refroidissement et des gaz d'expansion des 226 524 appareils disparus est comparable aux émissions de CO2 que l'on générerait en parcourant 1 698 930 000 km avec un véhicule diesel ou en faisant le tour de la Terre pas moins de 42 394 fois.
Par ailleurs, Recupel est à même de récupérer 98 % des matériaux contenus dans un réfrigérateur par le biais de techniques de recyclage innovantes. Si les appareils n'atterrissent pas dans le réseau Recupel, ce résultat de recyclage élevé ne peut pas être garanti.
« Du fait qu'aujourd'hui, plus de 200 000 réfrigérateurs et congélateurs ne reviennent pas dans le réseau Recupel, l'environnement y perd deux fois. D'une part, un démantèlement incorrect occasionne des dégâts directs : les liquides et gaz nocifs libérés endommagent la couche d'ozone et contribuent à l'effet de serre. D'autre part, il est essentiel de recycler au maximum les matières premières précieuses contenues dans les réfrigérateurs, telles que le cuivre, le fer et l'aluminium. Nous deviendrons ainsi moins dépendants de l'exploitation minière classique polluante pour l'extraction de ces matières premières », explique Peter Sabbe, CEO de Recupel.
Le profit au détriment de l'environnement
Mais où le bât blesse-t-il alors ? La loi stipule que les fabricants d'appareils électr(on)iques ont l'obligation de collecter les produits usagés et de les traiter et les recycler correctement. L'organisme de gestion Recupel a été fondé afin de garantir que cette tâche soit menée à bien. Certains appareils usagés sont cependant collectés et traités en dehors des canaux Recupel.
Les vieux réfrigérateurs contiennent des métaux précieux tels que du cuivre. Les ferrailleurs offrent dès lors 15 € par appareil usagé aux fabricants de cuisines et aux vendeurs d'électro pour extraire ces matières des frigos et ensuite les revendre. Tant les détaillants que les ferrailleurs privilégient donc le profit au détriment de l'environnement. Voilà pourquoi un réseau parallèle continue d'exister.
Peter Sabbe de Recupel : « Les ferrailleurs et les détaillants privilégient aujourd'hui trop souvent un profit rapide à l'environnement. À cause de ce réseau parallèle, de nombreux réfrigérateurs disparaissent des radars et ne sont pas traités correctement. Le gain financier unique génère une perte double pour l'environnement : les matières premières précieuses ne sont pas recyclées et les substances nocives atterrissent dans la nature. »
Afin de convaincre les détaillants de travailler avec Recupel, l'asbl a lancé le label de qualité « Ici nous recyclons bien ». De cette manière, lorsqu'il achète un nouveau frigo, le consommateur sait à quels commerçants il peut remettre son ancien appareil l'esprit serein.
« Nous sommes contents de voir que de nombreux fabricants de cuisines et vendeurs d'électro soutiennent notre action. Il s'agit de la seule option correcte pour ceux qui attachent de l'importance à la protection de l'environnement. Nous remarquons toutefois dans nos entretiens que tous les détaillants n'adhèrent pas à cette idée. Qu'il s'agisse de paresse ou d'appât du gain, il est vraiment navrant de voir que tout le monde ne se rallie pas à notre campagne », poursuit Peter Sabbe.
Retrouvez la liste des points de collecte agréés sur frigosdisparus.be.
La collaboration, une base décisive pour l'économie circulaire
Afin de lutter contre ce problème, il est essentiel que tous les acteurs impliqués dans le processus contribuent, détaillants comme ferrailleurs. Mais le consommateur joue également un rôle important en rapportant son vieux réfrigérateur ou congélateur dans l'un des points de collecte agréés de Recupel, et si l'appareil fonctionne encore, il peut le porter dans un centre de réutilisation. À l'achat d'un nouvel appareil, il peut remettre l'ancien à un détaillant affichant le label de qualité « Ici nous recyclons bien ». Bien entendu, le consommateur peut aussi toujours se rendre au parc à conteneurs pour se débarrasser de ses appareils usagés.
Avec la campagne-guérilla « Frigos disparus » qui débutera le 16 septembre, Recupel met cette problématique en avant pour en montrer l'ampleur au consommateur et lui faire comprendre de quelle manière il peut apporter sa contribution. Pour plus d'informations, surfez sur frigosdisparus.be.